« Je t’aime. » Un sourire étira les lèvres de la jeune femme qui vint se blottir contre le torse de son compagnon. Cette relation n’avait probablement aucun sens et peu de gens seraient à même de la comprendre. Il avait quasiment vingt ans de plus qu’elle, il était son professeur. C’était un interdit dont ils se fichaient. Elle avait été une élève motivée et curieuse, elle était venue lui demander des conseils, puis un stage et ils avaient fini par s’embrasser. Elle était devenue la stagiaire qui couche avec son patron, l’étudiante qui couche avec son prof, mais elle s’en fichait. C’était plus qu’une simple histoire de cul et la phrase qu’il venait de prononcer en était la preuve. Il l’aimait. Pourquoi ? C’était une question qu’elle ne pouvait s’empêcher de se poser. Elle avait l’impression de n’être qu’une pauvre fille en proie à trop de problèmes familiaux, peut-être qu’un psychologue dirait que cette relation n’était que le résultat d’un Oedipe  réactivé par sa problématique familiale. Mais c’était plus que ça. Elle était plus qu’une pauvre gamine aux yeux de Rhys et elle le sentait à chaque fois qu’il posait les yeux sur elle. Avec lui elle se sentait bien. Cette relation n’était pourtant qu’un secret bien gardé entre eux deux. Ils savaient que rapidement, les choses deviendraient compliquées si on apprenait qu’ils étaient ensemble il pourrait perdre son poste et elle ne voulait pas ça, pas plus qu’il ne le voulait. Le secret, c’était bien, ça lui convenait et puis, les secrets, c’était toute sa vie, alors elle pouvait bien continuer comme ça. « Moi aussi. » Répondit-elle avant de se redresser pour venir déposer un baiser sur ses lèvres.

« Miss Castellanos ? » La jeune femme sursauta avant de lâcher les lèvres de son compagnon, se tournant lentement vers la personne qui venait de l’interpeler. C’était l’une de ses profs, qu’est-ce qu’elle faisait chez Rhys ? Les sourcils froncés, la jeune femme avait l’impression d’être complètement saoul tant la situation lui semblait incompréhensible. « Qu’est-ce que vous faites ici ? » Son regard se balada rapidement entre l’enseignante et Rhys, cherchant celui qui se déciderait à lui donner une réponse. « Je suis sa femme, donc j’ai la clef. » prononça-t-elle tout en désigna Rhys du menton. Estrella eu l’impression d’être sur le point de s’évanouir, elle avait besoin d’air, rapidement. Elle se tourna vers le concerné, un air outré dépeint sur son visage. « Tu es marié ? » Elle n’arrivait pas à y croire. Qu’est-ce qu’elle pouvait être stupide parfois. Elle lui avait fait confiance, elle avait été sincère avec lui, elle l’avait aimé et tout ça pourquoi ? Pour se rendre compte qu’elle n’était qu’une putain s’infiltrant dans un mariage. Il était marié ce qui faisait d’elle sa maitresse. Elle se sentait souillée. « Stella … » Il attrapa son poignet, mais elle se défit rapidement de son étreinte, se hâtant pour attraper son sac qu’elle avait déposé un peu plus loin, puis sa veste qu’elle enfila rapidement. Pas question de rester ici ne serait-ce qu’une seconde de plus. Elle avait l’impression qu’elle allait étouffer si elle ne quittait pas cette maudite baraque. Stupide Estrella ! Il n’y avait qu’elle pour se faire avoir de la sorte par tout le monde et n’importe qui. Son père lui avait menti toute sa vie, ses grands-parents en avait fait de même  et maintenant elle se rendait compte que l’homme qu’elle aimait en avait fait autant, pendait presque un an de relation. Elle devait avoir un sérieux problème pour encore croire à tous les bobards qu’on lui racontait. « Estralla, laisse-moi-t’expliquer ! Ce n’est pas ce que tu crois. » La jeune femme se tourna vers son interlocuteur avant de lever les yeux au ciel et de soupirer d’un air las. « Je me fiche de ce que c’est ou de quoi ça peut avoir l’air. Tu es marié. » S’éloignant vers la porte, et claqua violemment cette dernière après l’avoir franchie. Disparaissant alors à toutes jambes de cet endroit, il fallait qu’elle parte, elle ne savait pas où aller, mais le plus loin possible de cette maison serait le mieux.