Voilà déjà presque deux semaines que Andrea était rentrée à Provincetown, la plupart du temps terrée dans l'appartement d'Asthryd, elle profitait parfois du calme nocturne pour arpenter les rues de cette ville qu'elle connaissait si bien. Les yeux clos face à l'étendue d'eau qui l'entoure, Andrea inspire profondément, espérant secrètement que quand elle rouvrirait les yeux, sa vie serait beaucoup moins compliquée. Raté, pense-t-elle lorsque ses yeux se rouvrent sur la jetée de Provincetown. Pensive, elle se demande encore comment sa vie a pu être aussi chamboulée, elle  qui était si pétillante n'était à présent plus que l'ombre d'elle même, un fade portrait d'Andrea Rhodes. T'es pathétique.., se souffle-t-elle à elle-même. Sa main droite jusque-là croisée sous sa poitrine glisse sur son ventre, instinctivement. On va être bien toi et moi, je te le promets, je ne laisserai jamais personne te faire du mal, mon ange. Si certaines femmes rêvent toute leur vie de devenir maman, Andrea ne l'avait pas réellement envisagé avant d'apprendre qu'elle était enceinte il y a trois mois. D'abord bien décidée à se faire avorter, elle avait changé d'avis après qu'une vieille femme lui ai rappelé qu'il n'y avait rien de plus fort que l'amour entre une mère et son enfant, sans doute ce dont elle avait le plus besoin en ce moment. Mais élever un enfant sans père, n'était-ce pas trop difficile ? Peut-être que garder ce bébé était une décision égoïste, simplement pour son bien-être à elle. Un bruit sourd retentit derrière elle et elle fait volte face pour se retrouver à quelques mètres de deux hommes visiblement éméchés. Alors ma jolie, qu'est-ce tu fais toute seule ici ? Lui demande l'un d'eux en se rapprochant d'elle. Son instinct maternel la pousse à croiser ses bras sur son ventre, comme pour le protéger. Rien qui ne puisse t'intéresser. Répond-elle, regard noir en prime. Un rire rauque s'échappe de sa gorge tandis qu'il attrape ses poignets. T'entends ça Rick, on a affaire à une rebelle. Un second rire se fait entendre tandis que le dit Rick vient se positionner derrière elle, mains sur ses hanches et lèvres se baladant dans son cou. C'est encore mieux quand elles se débattent. Le regard lubrique sur son visage ne laisse rien présager de bon, et, bien qu'habituée à des quartiers beaucoup plus dangereux lors de ces cinq dernières années, la peur qu'ils blessent son bébé est omniprésente. Lâche-moi sale con. Lance-t-elle en lui crachant au visage, lui laissant ainsi le temps de se dégager de son emprise. Bien que déterminée à s'enfuir, elle n'a le temps que de faire quelques mètres avant qu'ils la rattrapent. L'un d'eux la plaque contre un mur, laissant sa main glisser sur sa cuisse. Au secours, s'il vous plait aidez moi ! Hurle-t-elle avant que l'homme ne plaque violemment sa main sur sa bouche. Ferme la ! Apeurée, ses yeux se ferment doucement, priant intérieurement pour que tout ceci se finisse vite et que son bébé n'ait rien. Silencieusement, elle laisse les larmes rouler sur ses joues, résignée.